25/05/2010

Risques très élevés d’inondations au Sénégal pendant l’hivernage 2010

Sen24heures.com : Mardi 25 Mai 2010
Dans un article publié le 26 décembre 2005 par le Soleil, nous avions tenté de cerner les causes des pluies intenses qui s’étaient abattues sur le pays en 2005. Nous avions mis en avant le rôle des températures de surface océanique (TSO) dans la genèse des fortes précipitations que nous observons ces dernières années.
La pluviométrie dans la partie ouest du Sahel a été principalement influencée ces cinq dernières années par un réchauffement de la surface océanique aux larges des côtes guinéennes, sénégalaises et mauritaniennes. Dans le même temps, nous observons un refroidissement au sud, dans le Golfe de Guinée. Ce phénomène correspond au nœud positif du dipôle atlantique qui conduit à une hausse des précipitations dans le Sahel et surtout dans sa partie ouest. Il risque donc de pleuvoir beaucoup en 2010



Depuis 2003, nous assistons à un retour de conditions atmosphériques et océaniques beaucoup plus proches de celles des années 50 et donc favorables à une hausse des précipitations dans l’ensemble du Sahel. Pour ce qui concerne l’hivernage 2010 et comme ce fut le cas en 2005, nous observons déjà depuis le mois de mars un réchauffement net de la surface océanique de l’Atlantique tropical nord où des records de température ont été enregistrés. Ce réchauffement s’est propagé jusque sur le continent.


Il n’y a pas eu pour l’instant, de changement de température significatif dans le Golf de Guinée, mais la hausse des TSOs dans l’Atlantique nord va créer une zone à très forte variation de température entre le Golfe de Guinée et l’Atlantique tropical nord qui va nécessairement se propager sur le continent avec pour effet de maintenir une masse d’air humide sur le Sahel pendant une bonne partie de la saison des pluies.


Les systèmes pluviogènes vont alors trouver des conditions extrêmement favorables à leur développement et tendront à arroser de façon constante la bande sahélienne. Autrement dit, pour 2010 toutes les conditions sont déjà réunies pour des pluies diluviennes massives avec les risques d’inondations et les conséquences néfastes pour les populations.


Selon les données du nouveau modèle couplé océan-atmosphère de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et les prévisions du Bureau Afrique de la National Centers for Environmental Predicitions (NCEP), les TSO sur la partie nord de l’Atlantique tropicale vont rester plus chaudes que la moyenne pendant la saison pluvieuse 2010.


Un refroidissement des TSO est aussi prévu dans la partie équatoriale de l’Océan Pacifique. Des études ont montré que ce phénomène connu sous le nom de La Ni?a est associé à une abondance de pluviométrie dans le Sahel. Ainsi, les données les plus récentes du modèle de NCEP pointent vers une augmentation nette des précipitations dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest y compris le Sénégal pendant l’hivernage 2010.


Ces données nous renseignent sur la physionomie de l’hivernage à venir, mais il est difficile de prévoir longtemps a l’avance le caractère des pluies extrêmes qui sont la cause des inondations. La mise à jour des prévisions saisonnières ainsi que le suivi quotidien avec les modèles de prévision numérique à brève échéance devront servir pour alerter les pouvoirs en cas de menaces imminentes.


Dr. Wassila Mamadou Thiaw
Météorologue
Directeur, African Desk
Climate Prediction Center
NOAA, Washington DC

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